Les naufragés de la "Méduse"

Jean-Christophe Deveney, J.S Bordas

Casterman

  • Conseillé par
    26 février 2022

    Coup de cœur bande-dessinée :
    Les Naufragés de la Méduse, de Jean-Christophe Deveney et Jean-Sébastien Bordas chez Casterman.

    Le Radeau de la Méduse pour beaucoup, c’est Géricault…et inversement. A tel point que le naufrage tragique de 1816 dont la toile a été inspirée quelques années plus tard est passé au second plan. Justement, le scénario de cette BD entrecroise trois investigations -celles de Géricault, des survivants et celle-là même des auteurs- qui reconstituent toutes les luttes pour la survie sur ce radeau de fortune largué au large des côtes sénégalaises.

    La trame narrative fait alterner la genèse de l’œuvre et ses répercussions sur la vie tourmentée du peintre avec flashbacks et mise en perspective (Restauration, esclavage, colonisation) de l’événement qui, à l’époque, défraya la chronique.

    L’immersion est totale sur plusieurs plans :historique, intime, pictural. En effet, à mesure que grandit l’empathie de l’artiste pour son sujet, les planches de la BD empruntent différents motifs à l’œuvre que nous connaissons et avec la légèreté de l’aquarelle suggèrent, par bribes prémonitoires, le tableau final. C’est passionnant : à lire et à relire !


  • Conseillé par
    7 juillet 2020

    Théodore Géricault a peint en 1818/1819 l'un de ses plus célèbres tableaux : Le radeau de la Méduse. Le 2 juillet 1816, la frégate la Méduse s'échoue et les canots ne suffisent pas pour tous les passagers. 170 d'entre eux prennent place sur un radeau de fortune. Deux semaines plus tard, lorsque le radeau est secouru, ils sont dix fois moins nombreux.

    L'astuce ou la bonne idée de cet album est de raconter en parallèle, l'histoire de l'échouage de la Méduse et les responsabilités du capitaine du bord qui, lui, prit place sur un canot et les horreurs commises sur le radeau pour rester en vie et la genèse du tableau, œuvre gigantesque qui fit beaucoup parler, le drame étant très récent et encore à l'esprit des gens. Scénarisée par les deux auteurs, même si le suspense est un brin éventé depuis le temps, les pages tournent vite.

    L'autre bonne idée est de raconter cette histoire à travers quelques personnages emblématiques, réels et survivants, dont certains, Corréard et Savigny, publièrent un témoignage. S’entremêle à cette tragédie, l’histoire de Théodore Géricault (1791-1824), ses amours, sa vie pécuniaire confortable. Si je connais le peintre, j'avoue que je ne savais rien de sa vie assez brève.

    J'aime aussi beaucoup le dessin de JS Bordas. Couleurs claires (sauf pour les nuits). Quasi uniformité des tons et traits expressifs. Très bel album, avec en postface un court dossier sur le tableau de Géricault.